mardi 23 novembre 2021

Les Enfants de Néocité - Extrait



 


 

   

Notre héroïne, Astrée,  s'apprête à partir pour la mission la plus périlleuse de sa jeune existence. Elle va bientôt quitter la Néocité qui l'a vue naître, pour s'infiltrer clandestinement parmi les rebelles naturels. C'est dans ce but qu'elle rend visite à Maya, une vieille naturelle un peu dérangée de prime abord...

 


Maya était une de ces très vieilles femmes – tellement vieille, d’ailleurs, qu’on avait du mal à lui donner un âge précis – réfractaire aux progrès et à la science, capturée très jeune, elle était restée imperméable aux enseignements et aux efforts qui avaient eu pour but de l’intégrer au mieux à la Néocité. Toutefois, sa réputation de sage et d’érudite (ou de folle à lier ?), lui avait permis de jouir tranquillement de la vie sans trop être inquiétée.

Elle avait un logement propret dans les niveaux inférieurs du complexe-de-vie 17. Elle accueillit Astrée courtoisement, l’ayant dévisagée quelques minutes de pied en cap, de ses yeux délavés, avant de l’inviter à entrer. La pièce unique, baignée de lumière orangée, n’était pas très grande, mais joliment décorée. Et bien que les meubles ne fussent pas du tout dernier design, cela sentait le propre et l’on y était bien.

— On m’a prévenue de ta visite, jeune Citénienne, tu peux entrer et t'asseoir.

Astrée ne parut pas surprise, car elle aussi avait été prévenue de ce genre d’allégation de la vieille Naturelle.

— Je suis venue car j’ai…

— Tu veux connaître les Naturels, n’est-ce pas ?… Ça aussi, ON me l’a dit.

De plus en plus intriguée, Astrée poursuivit. Cette dernière étant bien décidée à obtenir les informations qu’elle était venue chercher, sans se laisser intimider. Elle dévisagea Maya, en tentant de rester de marbre.

La singulière vieille dame était occupée à verser dans des tasses un liquide d’une étrange couleur de terre, qu’elle n’avait encore jamais vu. Le parfum qui s’en dégageait, était tout aussi étrange.

— Tu dois te méfier des apparences, jeune fille. Toujours !mais plus encore, te méfier de toi-même !

— J’ai toute confiance en moi ! s’offusqua-t-elle, irritée par cette mise en garde, qui non seulement lui avait semblé déplacée, mais qui surtout, remettait en cause sa supériorité indiscutable. La Naturelle la fixa plus intensément encore, tout en demeurant parfaitement calme.

— La vraie question est : où est la vérité, et qui la détient ?

Astrée commença à douter de pouvoir jamais obtenir une information sensée de cette vieille originale.

— Je crois que je n’aurais pas dû venir… Je suis désolée, je m’en vais.

Elle avait quitté l’appartement de Maya un peu confuse et elle s’en voulait d’avoir pu imaginer qu’elle puisse lui être d’une aide quelconque. Ses paroles n’avaient ni queue ni tête ! Mais finalement, ce qui avait été le plus décevant, ce n’était pas tant l’attitude incompréhensible de cette pauvre créature, que la timide sensation de colère qu' Astrée avait cru déceler en son for intérieur.

« Mon père a raison, songea-t-elle. Je suis faible, et je dois me méfier de cette faiblesse. Serai-je vraiment à la hauteur de ce que l’on attend de moi ? »

Mais très vite, ses doutes s'estompèrent, laissant la place à sa pensée créatrice et ordonnée. Elle finalisait ce qui devrait être le plan d’action le plus judicieux jamais élaboré, afin de réduire à néant l'unique source de tout ce désordre ambiant : les insurgés.

 

Les Enfants de Néocité pages-  34-36 Edition papier BOD

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