dimanche 13 mars 2022

Ma chronique sur le roman d'Angélique Maurin "L'impromise" et son auto-interview

 

 


 

 

 Démoniaquement glauquissime !

 

J’ai eu la chance de découvrir ce roman en avant-première, il s’agit de ma seconde lecture de l’auteure. Et quelle lecture !

Fans de romance rose bonbon aux arômes édulcorés ? Passez votre chemin. Ce livre n’est pas pour vous !

L’impromise est l’histoire d’une femme exceptionnelle, hors-normes, comme l’auteure aime à nous les dépeindre, dans un sud de France marqué par la seconde guerre mondiale. Comment parler de Mado sans trop en dire ? Mado, c’est l’antihéros par excellence, ou peut être bien l’expression du démon, qui se terre dans les profondeurs insondables de l’âme humaine. Elle personnifie l’antithèse de l‘épouse parfaite. Mado, la femme fatale qui tourne les têtes, la mère aux méthodes contestables, la femme « libérée » dans tous les sens du terme.

Avec son écriture élégante, ciselée, coulante, Angélique nous embarque dans l’esquif bringuebalant de la vie de Mado et des siens. Nous voilà alors submergés de vagues d’émotions déstabilisantes. La fascination, l’horreur, l’extase, l’ahurissement, le dégoût, l’incompréhension, le déni… Non, elle n’a pas osé ???? Eh bien si, elle a osé. Et nous lecteurs, on est pris au piège, alors on se laisse happer jusqu’au bout. Mais on n’en ressort pas indemnes ! Oh Bonne Mère !

 

 

 


Mon auto-interview d'Angélique Maurin : (du 01 mai 21)


  Angélique Maurin, pourquoi une auto-interview ? Tu ne souffrirais pas d'un dédoublement de la personnalité ?

Alors je choisis de conserver cette question, même si cette interview n’est pas réellement une auto-interview puisqu’elle a été conçue par Avelyne Peillet, mais c’est un exercice que je comprends et auquel j’avais pensé il y a quelque temps. Quand on est un petit auteur inconnu et que l’on nous propose (notamment des blogueurs) de nous interroger pour un article, les questions sont souvent préparées par avance et identiques pour chaque auteur. Alors que nous, avec notre faible assurance et notre ego pourtant étrangement surdimensionné (dédoublement de la personnalité vous avez dit ?!), nous aurions envie de questions qui nous poussent dans nos retranchements, qui nous apprennent des choses sur nous-mêmes ou qui fassent que les lecteurs se reconnaissent en nous et se précipitent pour découvrir ce ou ces livre(s) dans le(s)quel(s) nous avons mis tellement de cœur et d’âme. Avelyne a pondu ces questions. Elles me parlent. Parce qu’elles sont sans doute proches de ce à quoi j’ai envie de répondre, ou parce qu’elles sont bien plus fortes et éprouvantes qu’il n’y parait.

Concernant le dédoublement de personnalité, je ne crois pas avoir des personnalités distinctes et interchangeables. Par contre je suis le tout et le rien. Le blanc et le noir. Le yin et le yang. Fêtarde mais casanière. Fonceuse mais réfléchie. Extravertie mais réservée. Positive mais pleine de doutes. Optimiste mais fataliste. Calme en surface mais bouillonnante à l’intérieur. Une femme simple quoi !


Tu as quel âge ? Que ressens-tu face au temps qui passe ?


Alors là, question qui tue ! Comme le temps qui passe d’ailleurs non ?

J’ai un gros souci avec ce truc là : le temps. J’ai peur d’en manquer. J’ai peur de le gâcher. J’ai peur de mal l’utiliser. J’ai peur de le perdre. J’ai peur de le voir défiler. J’ai peur de sa course. J’ai peur de ses dégâts. J’ai peur de… Bref mon comportement face à cette notion est un brin pathologique je le crains. J’ai toujours été comme ça. Je crois que je suis la seule personne au monde à avoir pleuré le jour de ses 18 ans ! Parce que… Eh bien parce que j’ai eu peur je crois ! Que je me suis dit que le compte à rebours avait vraiment commencé pour moi. Que j’avais cette longue plage en face, un horizon à perte de vue et que je me devais d’y progresser parfaitement, d’y laisser une trace. Quelle pression ! Après l’enfance, le temps devient une poudre fine qui glisse si vite entre les doigts ! Et quand on est comme moi une perfectionniste maladive, ne pas parvenir à transformer cette fugacité en or devient une vraie double source de douleur. 

 

Parle-nous de ton livre justement ?

Alors mon premier roman est sorti début 2020. Son titre est « Amère ».

C’est un roman que j’ai mis de longues années à écrire. Et que j’aime.

Comme je suis dans une interview vérité, je crois que je peux dire que les deux sujets principaux d’Amère : les relations amoureuses, les relations familiales, la féminité sont mes domaines de prédilection puisque je suis sur le point de terminer mon deuxième roman qui sera très différent mais encore dans cette thématique.

Je crois que j’ai fait d’Amère quelque chose d’ambivalent. L’amour y est fabuleux mais noir. La passion époustouflante mais assassine. La vie belle mais trop courte, trop mal utilisée, irrattrapable. Les héroïnes sont fragiles mais cruelles, attachantes mais détestables.

Je crois bien que ce roman me ressemble !


Est-il autobiographique ?

Non. Pas du tout. Mais j’ai bien sûr écrit des passages vécus, décrit des émotions connues. Les personnages ont pris leur envol et je les ai laissés faire, mais il y a de moi ou de mes obsessions dans chacun d’eux c’est évident !

 

Qu'aimes-tu chez toi (moralement j'entends !)

Je pense être une bonne personne. Qui se soucie réellement des autres. Qui est capable de beaucoup donner. J’aime être créative et avoir cinquante idées à la minute.


Qu'est-ce-que tu aimes le moins ?

Je pense trop. J’envie les gens plus instinctifs que cérébraux. Moi je me fatigue toute seule. C’est usant ! Même la nuit, je me crée des scénarios, des suppositions. Je me répète des phrases, des suites de mots. Je crois que ma relation avec mon moi intérieur est un peu trop riche ! Help !

A contrario, j’ai des difficultés à communiquer avec les autres. Ou du moins à communiquer comme je le souhaiterais. Ça ne me satisfait jamais complètement. J’ai aussi du mal à faire fi du regard ou des jugements des autres. Un truc de gamine, qui ne s’arrange apparemment pas avec l’âge ! Quel est donc alors l’avantage de vieillir ? Je vous le demande !

Il y a aussi cette empathie pénible dont je ne sais pas me défaire et qui va faire que tout me touche intensément alors que tous les autres s’en foutent. Ma propension à donner tout, à faire à fond alors que personne ne me le demande. Mon insatisfaction constante. La liste est longue.


En pratique, comment écris-tu ?

Il n’y a rien de régulier. Mais c’est plutôt en journée. Je peux écrire tous les jours ou arrêter et reprendre une semaine après. Il faut parfois le temps que les idées mûrissent ou qu’un message me parvienne de « l’au-dedans ».


Qu'aimerais-tu dire aux lecteurs ?

Que j’ai beaucoup travaillé sur mon roman. Que j’y ai mis tous mes espoirs, tous mes rêves, tous mes émerveillements de petite fille, tous les mots qui fusent dans ma tête. Que j’ai ressenti en écrivant toutes les émotions de mes héroïnes, que je suis tombée amoureuse avec elles, que j’ai souffert avec elles. Que je trouve avoir pas mal réussi ce livre. Que je vibre à tous leurs commentaires. Que ça fait du bien de voir que quelque chose que l’on pensait garder pour soi arrive à toucher les autres. Que je serai sans doute un auteur fugitif. Que s’ils sont curieux et prêt à découvrir l’œuvre certainement imparfaite d’une rêveuse qui a concrétisé son vœu le plus cher, c’est maintenant qu’ils doivent le faire. Que j’espère les toucher, les émouvoir. Parce qu’une émotion c’est ce qu’il y a de plus juste et de plus beau.

 

Es-tu une femme heureuse ?

Je crois que le bonheur est encore un de ces leurres après lesquels on court désespérément et qui s’amusent à coller une pression supplémentaire aux angoissées de mon espèce !

Je crois que pour moi Le Bonheur serait simplement d’être bien, de me sentir à ma place et en accord avec moi-même et sereine et que je suis toujours trop speed pour parvenir à m’y accrocher. Mais je ne désespère pas.

Les petits bonheurs eux existent bel et bien et ils sont si nombreux. Ils se cachent partout : dans des volets qui s’ouvrent sur un jardin ensoleillé, dans l’amour des miens, dans mes souvenirs, dans une virée shopping entre filles, dans des discussions et des rires, dans le fait d’écouter de la musique et de danser, dans un concert, dans un repas, dans le bleu de la mer… Partout.

Et bien sûr, dans la lecture d’un bon bouquin. A bon entendeur….


 


 

lundi 7 mars 2022

8 mars, journée internationale des femmes ?

 

 


 

 La femme est l'égale de l'homme en théorie seulement. Des générations de femmes se sont succédé, montrant un exemple biaisé de soumission-dépendante à leur mari, conformément à une norme sociale tacite de domination masculine. Ces couples, perpétrant à leur insu un modèle de relation inéquitable, ont marqué des générations d'enfants, garçons et filles, eux-mêmes futurs adultes et parents, et ce n'est pas terminé.

 A l'heure où il est de bon ton de parler d'égalité des sexes, tout reste encore à faire et rien n'a véritablement changé. Le biais est toujours présent, entretenu vivace dans l'inconscient collectif par des sphères d'influences diverses, qui modèlent encore les esprits, largement relayées par les nouvelles technologies.

 Le monde du travail, qui n'a ouvert les portes aux femmes que très récemment dans l'histoire, continue à opérer une discrimination des genres.  Les femmes sont moins bien payées, elles accèdent difficilement à des postes à responsabilité, elles occupent majoritairement des emplois à temps partiel, moins qualifiés.  L'entreprise leur fait payer cher leurs congés maternité et "enfants malades" qui leur reviennent à charge de façon encore trop systématique. Elles s'orientent majoritairement consciemment ou non, vers des carrières moins prestigieuses et plus flexibles pour pouvoir mener de front leur vie professionnelle et personnelle de mère active. Elles sont discriminées par le simple fait d'être femme et potentiellement mère de famille avec tout ce que cela comporte de "contraintes familiales" dont les entreprises vouées uniquement aux profits, se dédouanent. Les hommes ne sont pas indemnes, puisqu'on attend d'eux un dévouement sans limite. Quelles entreprises tolèrent que ses salariés hommes, cadres ou responsables s'octroient des jours "enfant malade" ? L'inconscient collectif entend que ce soit l'épouse, la mère de famille qui prenne à sa charge ces aléas parentaux. Combien d'hommes peuvent prendre leur congé paternité sans ressentir de la culpabilité face à l'incompréhension, l'étonnement ou le refus de sa hiérarchie ? Combien de pères prennent la garde pleine et entière des enfants après une séparation ou un divorce ?

 La sphère familiale perpétue également des stéréotypes et des clichés qui ont la vie dure, et prennent racine dans les "modèles" intégrés au long cours dans les esprits féminins et masculins. Le couple "idéal" qui partage de manière égale le travail domestique et éducatif est bien loin d'exister. La charge mentale des femmes, dont on commence à parler, ne reste malheureusement pas uniquement une charge pour l'esprit, mais elle est également une charge de travail conséquente, bien réelle et peu épanouissante !

 Les enfants n'ont encore pour modèles parentaux que trop souvent des êtres à responsabilité limitées. L'homme et la femme sont encore cantonnés à des sphères d'action pré-construites et déterminées d'avance : dans l'inconscient collectif, c'est encore l'homme qui "gagne l'argent du ménage" (d'où la différence salariale entre hommes et femmes) et la femme qui gère le quotidien de l'entreprise familiale (courses, corvées ménagères dont la liste est interminable, éducation et soin des enfants). On comprend mieux pourquoi l'homme est encouragé par la société à s'investir toujours plus dans son entreprise, quitte à sacrifier sa vie familiale, tandis que la femme est incitée à sacrifier sa carrière pour privilégier sa famille. 

Même si quelques progrès existent, certains hommes mettent la main à la pâte en s'octroyant une plus grande part de l'éducation des enfants (sur le temps du week-end) ou participent en pointillé à l'entretien de la maison, et également si la femme tend à mener une vie professionnelle active et à participer à l'apport financier parfois conséquent du ménage.)

 L'inconscient collectif perpétue encore des images figées du rôle de chacun au foyer.  La publicité, le cinéma, les médias dans leur grande majorité entretiennent une distribution des rôles figée et immuable dans le temps. Ce matraquage perpétuel véhicule et imprègne les esprits de ces stéréotypes qui emprisonnent les deux sexes, qui ne peuvent s'affirmer pleinement dans leur vraie nature et qui vivent malheureux en couple. Comment expliquer le nombre croissant de séparations et de divorces, sinon par le mal être ambiant des deux parties de l'humanité embrigadées et cloisonnées dans des rôles pré-définis ? Où est la liberté de l'être humain à se révéler pleinement heureux ? A être pleinement soi-même ?

 Les nouvelles technologies, en mettant en scène les pires instincts et prédispositions humaines, font la part belle aux stéréotypes sexuels genrés. Comment ne pas s'offusquer de la libre circulation d'images à caractère pornographique, qui inondent les réseaux sociaux et internet ? De telles images entretiennent et véhiculent les vieux clichés du sexe "faible", chosifié, passif, jouet de jouissance subissant les pires humiliations possibles, pour le plaisir unique du sexe "fort". Et quel "sexe fort" ? Des pénis aux dimensions souvent démesurées, hors normes qui donneraient des complexes aux mieux lotis des hommes. Ce matraquage contribue à l'avilissement de l'image des femmes et renforce des idées erronées sur la réalité de l'acte sexuel. Face à de telles images en "libre service" qui constituent pourtant l'essentiel d'une éducation sexuelle chez les pré-adolescents et les adolescents, comment être crédible en parlant d'égalité hommes/ femmes ?

Si les femmes sont réduites à être des objets sexuels vouées au plaisir de l'homme, à travers un acte sexuel parfois violent et avilissant, les hommes ne sont pas épargnés par cette injonction à devenir des bourreaux sexuels agressifs et dominateurs. De telles images devraient être bannies des réseaux définitivement. L'acte sexuel ne doit relever que de la sphère privée. L'éducation sexuelle des jeunes gens doit pouvoir se construire indépendamment de ces clichés réducteurs et délétères pour l'équilibre mental.

 Comment en tant que parents, ne pas être scandalisés par l'agression que subissent nombre d'enfants entre 8 et 15 ans, qui se trouvent confrontés à des images pornographiques aussi choquantes que dégradantes pour l'humain, tous sexes confondus? Il devient urgent d'agir, car on ne peut tolérer que nos enfants soient formatés non seulement dans leurs rôles sociaux mais également dans leurs rôles sexuels par Big Brother Internet. Il est temps que les parents prennent leur responsabilité de parent au sérieux et fassent barrage à l'utilisation massive des téléphones portables et d'internet. Protéger les enfants, c'est leur permettre de se construire une identité d'homme ou de femme, une identité sexuelle dépourvue des influences néfastes et perturbantes des écrans et des stéréotypes. Les parents ne doivent pas attendre que l'école prenne leurs places. L'école ne peut pas faire l'éducation sexuelle de leurs enfants. Les programmes d'éducation civique ou de sciences de la vie et de la terre,  n'abordent pas tous les aspects de la relation hommes-femmes et de la sexualité. C'est aux parents de prendre leurs responsabilités en résistant aux sirènes des nouvelles technologies. C'est aux pouvoirs publiques d’interdire définitivement la libre circulation d'images pornographiques perturbantes pour des enfants en pleine construction identitaire.

 Le changement doit être global, sociétal, familial et personnel. Chacun doit prendre conscience de sa responsabilité personnelle dans l'image qu'il véhicule, dans l'éducation des enfants, mais les pouvoirs publiques, les entreprises, les médias, les artistes ont tous un rôle à jouer. Démontons les stéréotypes genrés, permettons à nos enfants de se construire une identité d'être humain sans influences. Leurs problématiques doit être de devenir un être humain épanoui, et non de devenir un "vrai homme" ou une "vraie femme" emprisonnés dans des rôles trop réducteurs et trop étroits. Permettons aux garçons de développer leurs fibres émotionnelles, créatives, sensibles. Permettons aux femmes de développer leur ambition, leur force, leur combattivité. Le potentiel est ouvert à tous genres confondus. Permettons à nos enfants de devenir celui ou celle qu'ils veulent être, permettons leur de se trouver, afin d'être heureux dans ses baskets c'est le plus important.

 A bon entendeur,

Belle journée du 8 mars à toutes les femmes du monde 💖💕💞💞💖

Avelyne