mercredi 13 janvier 2021

Ma chronique sur le roman d'Angélique Maurin "Amère" et son auto - interview (du 01 mai 21)

 Écriture enchanteresse pour une symphonie bouleversante

Tout d'abord, il y a cette couverture raffinée avec une silhouette bleue gracile, gracieuse et anonyme, la féminité personnifiée où chaque femme peut se reconnaître. Puis vient ensuite le titre : "Amère", qui m'a interpelée. L'amertume, on l'aime ou on la déteste, il n'y a pas de demi-mesure ! Et dans mon cas, rien que le mot me fait déjà grincer des dents... Avais-je envie de lire ce livre au titre âpre et peu engageant ? Un livre qui aborde le sujet délicat de la non moins délicate relation fille-mère ? Je dois bien avouer ma perplexité. Puis, je me suis mise à le lire, tout de même, je n'allais pas me laisser influencer par des impressions hâtives, basées sur un seul mot-titre auréolé négativement !

Alors, j'ai été emportée, enchantée, euphorisée ! Le style est imagé, fleuri, délicieux, un plaisir de lecture dont je ne me suis pas lassée tout au long des 400 pages de l’e-book, que j'ai dévoré en deux jours (c'est une première !). L'histoire de ces femmes constituée en une mosaïque minutieusement élaborée, où je suis alternativement chacune d'elles Diane, Edmée, Sophie, m'a époustouflée. Avec elles, j'ai traversé une palette inimaginable d'émotions diverses aux arômes tous plus riches les uns que les autres. J'ai été tour à tour horrifiée, atterrée, émue aux larmes, séduite, extatique, excitée, passionnée, déprimée, subjuguée...

La palette des thèmes est elle aussi très variée, la maternité, la filiation, l'héritage, la fatalité ou la liberté individuelle, les choix conscients ou inconscients. Toute la richesse d'une vie humaine et ses interrogations !

Amère est un livre d'exception à ne surtout pas manquer, qui m'a bouleversée.


Mon auto-interview d'Angélique Maurin :


  Angélique Maurin, pourquoi une auto-interview ? Tu ne souffrirais pas d'un dédoublement de la personnalité ?

Alors je choisis de conserver cette question, même si cette interview n’est pas réellement une auto-interview puisqu’elle a été conçue par Avelyne Peillet, mais c’est un exercice que je comprends et auquel j’avais pensé il y a quelque temps. Quand on est un petit auteur inconnu et que l’on nous propose (notamment des blogueurs) de nous interroger pour un article, les questions sont souvent préparées par avance et identiques pour chaque auteur. Alors que nous, avec notre faible assurance et notre ego pourtant étrangement surdimensionné (dédoublement de la personnalité vous avez dit ?!), nous aurions envie de questions qui nous poussent dans nos retranchements, qui nous apprennent des choses sur nous-mêmes ou qui fassent que les lecteurs se reconnaissent en nous et se précipitent pour découvrir ce ou ces livre(s) dans le(s)quel(s) nous avons mis tellement de cœur et d’âme. Avelyne a pondu ces questions. Elles me parlent. Parce qu’elles sont sans doute proches de ce à quoi j’ai envie de répondre, ou parce qu’elles sont bien plus fortes et éprouvantes qu’il n’y parait.

Concernant le dédoublement de personnalité, je ne crois pas avoir des personnalités distinctes et interchangeables. Par contre je suis le tout et le rien. Le blanc et le noir. Le yin et le yang. Fêtarde mais casanière. Fonceuse mais réfléchie. Extravertie mais réservée. Positive mais pleine de doutes. Optimiste mais fataliste. Calme en surface mais bouillonnante à l’intérieur. Une femme simple quoi !


Tu as quel âge ? Que ressens-tu face au temps qui passe ?


Alors là, question qui tue ! Comme le temps qui passe d’ailleurs non ?

J’ai un gros souci avec ce truc là : le temps. J’ai peur d’en manquer. J’ai peur de le gâcher. J’ai peur de mal l’utiliser. J’ai peur de le perdre. J’ai peur de le voir défiler. J’ai peur de sa course. J’ai peur de ses dégâts. J’ai peur de… Bref mon comportement face à cette notion est un brin pathologique je le crains. J’ai toujours été comme ça. Je crois que je suis la seule personne au monde à avoir pleuré le jour de ses 18 ans ! Parce que… Eh bien parce que j’ai eu peur je crois ! Que je me suis dit que le compte à rebours avait vraiment commencé pour moi. Que j’avais cette longue plage en face, un horizon à perte de vue et que je me devais d’y progresser parfaitement, d’y laisser une trace. Quelle pression ! Après l’enfance, le temps devient une poudre fine qui glisse si vite entre les doigts ! Et quand on est comme moi une perfectionniste maladive, ne pas parvenir à transformer cette fugacité en or devient une vraie double source de douleur. 

 

Parle-nous de ton livre justement ?

Alors mon premier roman est sorti début 2020. Son titre est « Amère ».

C’est un roman que j’ai mis de longues années à écrire. Et que j’aime.

Comme je suis dans une interview vérité, je crois que je peux dire que les deux sujets principaux d’Amère : les relations amoureuses, les relations familiales, la féminité sont mes domaines de prédilection puisque je suis sur le point de terminer mon deuxième roman qui sera très différent mais encore dans cette thématique.

Je crois que j’ai fait d’Amère quelque chose d’ambivalent. L’amour y est fabuleux mais noir. La passion époustouflante mais assassine. La vie belle mais trop courte, trop mal utilisée, irrattrapable. Les héroïnes sont fragiles mais cruelles, attachantes mais détestables.

Je crois bien que ce roman me ressemble !


Est-il autobiographique ?

Non. Pas du tout. Mais j’ai bien sûr écrit des passages vécus, décrit des émotions connues. Les personnages ont pris leur envol et je les ai laissés faire, mais il y a de moi ou de mes obsessions dans chacun d’eux c’est évident !

 

Qu'aimes-tu chez toi (moralement j'entends !)

Je pense être une bonne personne. Qui se soucie réellement des autres. Qui est capable de beaucoup donner. J’aime être créative et avoir cinquante idées à la minute.


Qu'est-ce-que tu aimes le moins ?

Je pense trop. J’envie les gens plus instinctifs que cérébraux. Moi je me fatigue toute seule. C’est usant ! Même la nuit, je me crée des scénarios, des suppositions. Je me répète des phrases, des suites de mots. Je crois que ma relation avec mon moi intérieur est un peu trop riche ! Help !

A contrario, j’ai des difficultés à communiquer avec les autres. Ou du moins à communiquer comme je le souhaiterais. Ça ne me satisfait jamais complètement. J’ai aussi du mal à faire fi du regard ou des jugements des autres. Un truc de gamine, qui ne s’arrange apparemment pas avec l’âge ! Quel est donc alors l’avantage de vieillir ? Je vous le demande !

Il y a aussi cette empathie pénible dont je ne sais pas me défaire et qui va faire que tout me touche intensément alors que tous les autres s’en foutent. Ma propension à donner tout, à faire à fond alors que personne ne me le demande. Mon insatisfaction constante. La liste est longue.


En pratique, comment écris-tu ?

Il n’y a rien de régulier. Mais c’est plutôt en journée. Je peux écrire tous les jours ou arrêter et reprendre une semaine après. Il faut parfois le temps que les idées mûrissent ou qu’un message me parvienne de « l’au-dedans ».


Qu'aimerais-tu dire aux lecteurs ?

Que j’ai beaucoup travaillé sur mon roman. Que j’y ai mis tous mes espoirs, tous mes rêves, tous mes émerveillements de petite fille, tous les mots qui fusent dans ma tête. Que j’ai ressenti en écrivant toutes les émotions de mes héroïnes, que je suis tombée amoureuse avec elles, que j’ai souffert avec elles. Que je trouve avoir pas mal réussi ce livre. Que je vibre à tous leurs commentaires. Que ça fait du bien de voir que quelque chose que l’on pensait garder pour soi arrive à toucher les autres. Que je serai sans doute un auteur fugitif. Que s’ils sont curieux et prêt à découvrir l’œuvre certainement imparfaite d’une rêveuse qui a concrétisé son vœu le plus cher, c’est maintenant qu’ils doivent le faire. Que j’espère les toucher, les émouvoir. Parce qu’une émotion c’est ce qu’il y a de plus juste et de plus beau.

 

Es-tu une femme heureuse ?

Je crois que le bonheur est encore un de ces leurres après lesquels on court désespérément et qui s’amusent à coller une pression supplémentaire aux angoissées de mon espèce !

Je crois que pour moi Le Bonheur serait simplement d’être bien, de me sentir à ma place et en accord avec moi-même et sereine et que je suis toujours trop speed pour parvenir à m’y accrocher. Mais je ne désespère pas.

Les petits bonheurs eux existent bel et bien et ils sont si nombreux. Ils se cachent partout : dans des volets qui s’ouvrent sur un jardin ensoleillé, dans l’amour des miens, dans mes souvenirs, dans une virée shopping entre filles, dans des discussions et des rires, dans le fait d’écouter de la musique et de danser, dans un concert, dans un repas, dans le bleu de la mer… Partout.

Et bien sûr, dans la lecture d’un bon bouquin. A bon entendeur….


 


mercredi 6 janvier 2021

Ma chronique sur le roman d'Amélie Haurhay "6h66"

 

Un roman bien écrit avec beaucoup d'originalité. Le lecteur tombe dans la quatrième dimension en même temps que Thomas, et il sombre avec lui dans un univers étrange et déstabilisant. Il se réveille un beau matin et ne reconnaît plus rien de ce qui fait son monde habituel, mais pire que tout, il est dans une dystopie terrifiante. Pourtant, cette dystopie nous rappelle quelque chose et tire la sonnette d'alarme sur notre propre monde. Sommes-nous vraiment si loin de tout ça ?...Qui sommes-nous réellement et qui serions-nous dans un contexte identique ? Beaucoup de questions nous submergent à l'issue de cette lecture... Je vous le conseille absolument !